Suite et fin de cet entretien avec Seb Farran, manager de NTM, Izia, Etienne de Crécy…. et patron de Lickshot, la probablement seule agence de management à faire du developpement en France…..Dans la première partie, il parlait de son métier de manager, des maisons de disques et de son agence. Dans cette deuxième partie, il revient sur le statut de l’artiste en France, les contrats, le développement, l’avenir et…lui.
Seb Farran aime bien Don’t believe the Hype (et nous on aime bien Seb Farran), donc il reviendra régulièrement sur le site. Probablement de manière plus interactive. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant.
Le statut des artistes en France?
Il faut dire ce qui est, on a connu le métier plus heureux donc forcément les Artistes en pâtissent les premiers.
Il y a eu des périodes plus positives, bien plus fastes et l’ensemble de la chaine le paie aujourd’hui.
Un Artiste qui démarre aujourd’hui doit faire face à encore plus de difficultés, les partenaires quels qu’ils soient (tourneurs, producteurs éditeurs) sont de plus en plus exigeants et de moins en moins généreux.
Le résultat est simple, un grand nombre de talents se tournent vers une autre activité grâce à laquelle ils pourront se nourrir.
Aujourd’hui, un artiste qui touche 20 000 euros d’avance en signant un contrat d’exclusivité dans une major fait un bon deal. Un album correspondant à un engagement d’au moins 2 ans et 20.000 euros d’avance représentant environ 10.000 ventes, le calcul du niveau de vie moyen de l’Artiste est simple et l’intérêt de se lancer dans une carrière vraiment douteux.
D’autant que les contrats d’exclusivité au lieu de s’assouplir ont tendance à exiger plus de garanties comme la commission sur du Droit à l’Image jusque là épargné.
Bien évidemment les autres modes de rémunération comme l’Edition ou les concerts subsistent encore mais un producteur exige aujourd’hui d’être Editeur et le live pour un Artiste débutant n’est pas rémunérateur.
Face à cette complexité le manager devient un personnage clé.
On peut parler d’argent avec les artistes. On peut aussi parler de l’argent des artistes. Ce n’est pas honteux. On a le droit.
Encore une fois le système français de subventions est organisé autour du Producteur mais pas de l’Artiste.
Le schéma classique de développement est vain, et même s’il reste une vraie motivation dans les labels la transition tarde à arriver et le marché local risque vraiment de s’épuiser.
Alors à qui la responsabilité ? A l’intégralité du système…
Je crois qu’il est grand temps d’analyser la condition de l’Artiste en France, qui doit être considéré comme un professionnel … enfin
Faut arrêter de rêver. On ne peut pas continuer comme ça.
L’avenir pour un artiste ?
La vraie alternative positive est de se projeter sur un marché international, l’Artiste qui souhaite gagner de l’argent en France doit être numéro 1, la place est donc très chère, en revanche les groupes français sont de plus en plus compétitifs et il faut continuer à y croire.
L’avenir du business, c’est peut-être de réorganiser les intérêts des différents partenaires et de créer une collaboration équitable ou l’Artiste serait vraiment central autant en terme de droits que de revenus.
Dans une organisation de ce type, la place du manager est prépondérante et son activité claire.
Les revenus du téléchargement augmentent et vont finir par avoir une vraie importance, il faudra que les Artistes aient une vraie place à ce moment car l’investissement sera différent.
Nous sommes aussi dans un métier où dès que quelqu’un fait quelque chose, tout le monde est inquiet. Il y a un moment donné où va éclater le discours de la condition de l’artiste en France.
L’avenir, c’est véritablement un partenariat entre tous les maillons de la chaine.
Cette réflexion n’est pas vaine pour moi. Je me restructure constamment pour essayer de m’adapter. C’est la raison pour laquelle je me concentre principalement sur le développement d’artistes. Il y a un vrai besoin de partenariat artistique.
Pourquoi ce métier?
Simplement, ce métier est ma passion et je ne me vois pas faire quelque chose d’autre, j’ai l’impression malgré tout d’avoir une vie professionnelle trépidante.
Je continue de ce côté là de la route, du côté des Artistes …Je ne me suis jamais arrêté de construire.
Maintenant je voudrais que l’agence soit reconnue. Que mon métier soit reconnu. Qu’on avance véritablement pour les artistes.
Illustration photo “We want more”
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