Quelques conseils de Julian Perretta aux artistes en développement pour leur stratégie.…

Il y a quelques temps, l’artiste Julian Perretta s’est laissé aller à quelques conseils sur son Facebook. Il parlait de sa propre expérience, de son parcours, souvent difficile, de la difficulté de l’industrie et de quelques trucs à connaître…Avec l’accord de son tourneur Azimuth, et de son manageur, on a décidé de traduire tout cela pour que, vous aussi, vous puissiez profiter de ses conseils et de ses reflexions sur la stratégie à mettre place avant une sortie d’album. C’est simple, percutant, grinçant, humble, plein d’exemples et plein de bon sens.

Sortir du lot.


Mes conseils pour vous faire entendre au milieu d’une industrie de la musique qui ne cesse d’évoluer. Comment vous faites-vous remarquer ? Que doit faire un artiste non signé pour sortir du lot parmi les milliers d’autres qui sortent chaque année ? Signer chez une major est-il le meilleur moyen ?

On me pose constamment ces questions en interview et sur Twitter. Alors je me suis dit que j’allais vous donner mes conseils basés sur mon expérience, puisque je suis dans le milieu depuis mes 17 ans.

J’étais signé chez Columbia, label de Sony Music à l’âge de 18 ans. Après avoir enregistré un album qui n’a pas marché, je me suis fait lourder au bout de 18 mois. J’ai eu la chance de trouver mon nouveau chez moi au sein d’Universal en 2010, qui a sorti le même album. L’album et le single se sont retrouvés numéro un en Europe, que de rebondissements !

Le soir de la sortie du single de mon deuxième album à venir en octobre, il est temps pour moi de partager mon expérience.

Si vous êtes un artiste en développement, prenez le temps de lire mes conseils, ils pourront peut-être vous aider, ou peut-être pas. Mais tout le monde a besoin de petits conseils amicaux lorsqu’on s’apprête à entrer dans l’industrie la plus difficile et compétitive du monde.

Les musiciens savent que pour développer leur carrière, ils doivent construire une relation de confiance avec autant de fans que possible. Mais avant de construire cette relation, vous devez vous faire remarquer.

Alors comment sortir du lot ?


Une règle de base que j’ai apprise : les gens retiennent et parlent de ce qui se démarque. Ce qui est standard est vite oublié ou pire, ne se fait pas remarquer.

Si vous voulez que le public se rappelle de vous et parle de vous, voici quelques exemples faciles et efficaces à appliquer. Bien sûr, ils ne sont basés que sur mon expérience.

Tous les ans un artiste surprend toute l’industrie de la musique par son succès inattendu, en changeant les règles du jeu. Voyons un exemple.

Le single le plus vendu de l’année pour l’instant est « Thrift Shop » du rapper de Seattle, Macklemore. Beaucoup de ses choix, que ce soit celui de sortir son premier album « The Heist » sans maison de disque en octobre dernier ou celui des thèmes de ses chansons, semblent assez surprenants à l’heure où les artistes s’appuient énormément sur les sponsorings de marques pour financer leurs tournées et générer du revenue, sur les majors pour leur marketing et promotion, et où le rap passe son temps à célébrer swag et bling-bling en tous genres. Pourtant le duo n’aurait pour rien au monde fait les choses de manière différente. Ce n’est pas seulement révolutionnaire dans notre business, cela montre qu’avec un tube accrocheur tel que « Thrift Shop » et l’aide de certain DJs locaux, des opportunités de tournées et des revenus s’ouvrent à vous comme par magie. 10 millions de ventes digitales plus tard, ils vont bien et mènent une vie de rêve, laissant derrière eux des dizaines de professionnels frustrés de ne pas pouvoir les signer.

Il n’y a pas de règle. Quelle que soit votre manière de faire, la conclusion est qu’une grande chanson chantée par un grand chanteur prévaudra toujours. Mon intention derrière cet article n’est pas d’attaquer les labels, je ne dis pas que rester indépendant est la meilleur façon de faire, mais c’est une possibilité. Si vous n’arrivez pas à trouver de label, ce qui est tristement le cas pour la plupart des artistes, sachez seulement qu’il y a d’autres manières d’arriver à ses fins.

Un point important est de ne pas s’enfermer dans une mode ou dans ce qui semble marcher durant une certaine période. Il n’y a rien de plus ennuyant qu’une chanson entendue toute l’année suivie de 15 copies par d’autres artistes dans les 6 mois qui suivent. Les Daft Punk sont par exemple en train de remettre le disco au gout du jour. Devrais-je donc écrire deux ou trois chansons dans la veine de « Get Lucky » et me déguiser en robot du futur ? Non. Soyez vous-même, soyez réel, soyez honnête. Les gens s’en apercevront.

La première chose qu’un label ou même qu’un fan potentiel va se demander lorsqu’il vous écoute, c’est « A quoi ça ressemble ? De qui s’inspire-t-il ? »

Essayez de vous inspirer de vos influences de jeunesse les plus marquantes. Cela vous rendra unique, sans sonner comme une énième copie du top 50.

Quel que soit votre style, tenez-vous y, qu’il soit à la mode ou non. La grande musique sera toujours la clé.

    Utilisez des visuels magnifiques

Nous vivons dans une époque où la culture est visuelle. Les réseaux sociaux tels qu’Instagram, Facebook, Pinterest et d’autres sont construits autour d’images.  Les images sont efficaces car elles capturent un message ou une émotion que l’on peut apprécier en une seconde (ce qui est bien car tout le monde est à court de temps). Lorsque vous associez votre musique à de beaux visuels qui inspirent, les gens vont non seulement s’en rappeler, mais également la diffuser. Faites de votre apparence et vos visuels votre priorité, c’est l’une des manières les plus efficaces pour attirer l’attention.

    Donnez aux gens ce qu’ils veulent

A chaque fois que vous voulez que quelqu’un fasse quelque chose de spécifique (du type écouter votre titre, s’inscrire à votre newsletter), vous devez lui donner une bonne raison de le faire. Ce qui veut dire qu’il vous faut lui offrir de la valeur ajoutée en échange.

Malheureusement, votre musique ne suffit généralement pas, même si vous la donnez gratuitement. Vous devez offrir ce que votre fan idéal veut déjà, avant même qu’il sache qui vous êtes.

Voici une idée : une reprise d’une chanson populaire que vous modifiez pour vous l’approprier : jouez un morceau rock sans guitare, ou une version jazz d’un rap. Les fans de l’artiste original seront curieux d’écouter votre version, vous avez leur attention. Ed Sheeran a très bien réussi cette manœuvre.

    Faites-vous adorer ou détester.

N’essayez pas de plaire à tout le monde. Si vous n’êtes pas engagé dans une cause, pourquoi les gens seraient intéressés par ce que vous avez à dire ? Etes-vous athéiste ? Ecrivez une chanson engagée sur le sujet. En vous mettant quelques personnes à dos, vous créerez aussi des relations plus fortes avec d’autres. Lorsque vous abordez des sujets sensibles, vous faites naitre des émotions fortes chez les gens, et ils seront plus enclins à réagir. Que vous évoquiez des sentiments positifs ou négatifs, soyez sûrs de faire réagir les gens, ils vous remarqueront.

Avec les centaines de disques qui sortent chaque semaine sur les majors ou labels indé, votre priorité doit être de fournir quelque chose de frais, que ce soit dans vos textes ou dans votre musique.

Bonne chance !

Et merci à Bernard Batzen d’Azimuth pour la mise en lumière sur ce post!

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About Virginie Berger

Virginie Berger est la fondatrice de DBTH (www.dbth.fr), agence spécialisée en stratégie et business développement notamment international pour les industries créatives (musique, TV, ciné, gastronomie), et les startups creative-tech. Elle est aussi l'auteur du livre sur "Musique et stratégies numériques" publié à l'Irma. Sur twitter: @virberg

1 comments

Merci, ça remonte le moral. On a beau le savoir au fond de soi, ça fait toujours plaisir de l’entendre ou le lire.

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