Les Wombats, sur leur nouvel album et la pression liée à un contrat signé chez une Major

Agnés Bayou, rédactrice en chef du Transistor, a rencontré The Wombats, qui lui racontent leur difficulté à composer comme ils le souhaitaient après leur hit planétaire, “let’s dance to Joy Division”.

The Wombats ont composé un réel hymne en 2007 avec Let’s Dance to Joy Division, sur leur premier album The Wombats Proudly Present : A Guide to Love, Loss & Desperation.

Après de nombreux mois de tournée et quelques péripéties en studio, ils nous présentent fièrement This Modern Glitch. Rencontre avec trois jeunes gens pas banals qui racontent la difficulté de composer après avoir explosé les charts.

On peut dire que The Wombats se sont fait attendre pour sortir This Modern Glitch. « Le plus dur était de trouver l’équilibre entre un résultat dont on serait fiers et un album qui plaise au label. Il a fallu faire des compromis. Si une personne du label n’aimait pas le son d’une chanson, ils nous envoyaient vers quelqu’un d’autre pour le mixer. Ce qui fait qu’on devait tout recommencer depuis le départ avec un nouveau producteur. En tout et pour tout ça a bien pris 2 ans tout accumulé… C’est fou quand on pense qu’on a que dix chansons sur cet album ! »

Don't believe the Hype

The Wombats se sont retrouvés à travailler avec quatre producteurs différents. « On avait des producteurs en ligne de mire : on avait envie de bosser avec Rich Costey, Jacknife Lee… Mais bien entendu, tous ces grands producteurs ont des emplois du temps très chargés. Donc on a fait deux semaines avec Jacknife Lee, parce qu’il était entre deux albums et c’est tout ce qu’il pouvait nous accorder. Puis on a fait deux chansons avec Eric Valentine, et d’un coup Rich Costey était libre pour trois semaines, donc nous voilà à bord d’un avion pour LA… Aucun des producteurs n’avait le temps de tout faire, donc on sautait sur l’occasion de bosser avec eux dès qu’ils avaient un peu de temps. »

Cette multiplication des producteurs peut laisser percevoir un côté perfectionniste. « D’habitude on est précis, mais pour le coup, avec cet album, on a appris à lâcher du lest. On s’est quand même retrouvés à enregistrer une chanson en deux ou trois prises, mais à la mixer cinq fois avec un des producteurs, puis deux fois avec un autre et genre quatre fois avec un troisième. La chanson sans fin ! Et finalement, on a gardé la démo ! Ca a pris tellement plus de temps de le mixer que de le l’enregistrer…Ca en devient ridicule !»

Les paroles semblent aussi plus sombres que sur le premier album. « Ou alors c’est les mélodies qui sont plus sombres donc tu ressens plus le côté angoissé des paroles. Mais, c’est pas faux en même temps… Peut-être qu’il y a un peu plus d’autodépréciation que sur le premier, oui c’est possible. » Matthew Murphy avoue que cette période a été difficile. « Il y avait le spectre de Dance to Joy Division… Quand les gens pensent à nous, ils pensent à cette chanson… En concert, ils connaissent les paroles de toutes les chansons, mais ils deviennent fous sur celle-ci en particulier. Donc il fallait fuir cette chanson ou alors essayer de faire mieux… Devoir gérer cette chanson vampire, qui pompe l’inspiration…

Mais la pression venait aussi du label : ils veulent un plus gros hit encore. »

Leur label, c’est 14th Floor record, qui appartient au groupe Warner. « En fait le patron de 14th Floor est devenu le patron de Warner… Christian [Tattersfield] nous a signés, donc je pense qu’il veut prouver à la compagnie qu’il sait ce qu’il fait, que ses poulains sont capables de faire des hits… La pression qu’il se met s’est répercutée sur nous en quelque sorte. Parfois il tapait de réels coups de pression : sur une chanson, que nous considérions comme finie, il nous a fait la reprendre parce qu’il y trouvait énormément de potentiel. Donc il a pas arrêté d’essayer de l’améliorer, de rajouter des choeurs plus catchy… »

Un peu blasés, ils expliquent que c’est normal de subir cette pression en signant chez une major. « Et pour nous c’est pire parce que le patron du label est devenu le patron de la boite. On a signé une extension de contrat, c’est une chance, mais c’est aussi une malédiction… On peut toujours faire ce qu’on veut, c’est à 99% ce qu’on veut faire,

sauf qu’à des moments il faut faire des compromis… ou si tu les fais pas, tu te tires une balle dans le pied… »

Malgré tout, ils arrivent à mettre de l’eau dans leur vin. « Des fois, c’est positif, on peut aussi être têtus, et ne pas admettre qu’on a tort. Pour cet album, au début on leur a présenté dix-sept chansons, et ils nous ont répondu qu’il n’y en avait que deux-trois chansons qui étaient bonnes pour l’album… Et nous on voulait pas jeter ces chansons, on les aimait beaucoup ! » Les trois jeunes musiciens restent réalistes. « Si on avait pas ces personnes pour nous pousser, on aurait sûrement arrêté après 15 chansons, et on aurait sûrement sélectionné les douze qui nous plaisaient le plus, et là on serait tous à bosser dans un bar… Les fans l’auraient de toutes manières apprécié cet album. Mais le label nous pousse à voir plus loin, ils veulent élargir l’audience, et qu’un maximum de personnes écoute nos compos, et donc c’est une bonne chose. »

Pourtant, le label prend un risque en produisant un album beaucoup plus lent que A Guide To Love, Loss & Desperation, qui bâti leur réputation. « On peut pas se forcer, on a bien essayé d’en faire des plus enlevées, on a fait différents arrangements, tenté différentes approches… Certaines chansons devaient même être encore plus lentes, et on a essayé d’ajouter des BPM… En fait le premier album est très ‘dans ta face’, alors que celui-ci a une énergie plus subtile, il y a plus de variations. On avait pas le temps de respirer sur le dernier, alors que celui-ci, tu peux prendre le temps d’écouter et d’apprécier au lieu de courir. »

The Wombats avaient besoin de ce changement apparemment « On a passé tellement de temps à jouer les mêmes quatorze chansons, pendant deux ans, voire quatre ans pour certaines ! C’était naturel qu’à un moment on se lance dans quelque chose de totalement différent. »

Tant et si bien que le trio envisage un nouveau revirement pour le prochain album. « On sait jamais, le prochain pourrait carrément être l’album le plus hard core cheesy que t’aies jamais entendu ! En ce moment, on a envie de louer un studio, de pousser les amplis à fond et de faire le plus de bruit possible. Une fois on a fait une sorte de concert à la Sonic Youth, dans un entrepôt à Liverpool. On était bourrés, y’avait peut-être trois personnes dans l’audience, et on a fait une sorte de match de catch avec nos guitares, et on a cassé la pédale de batterie, c’était excellent. »

Réclame


This Modern Glitch, le deuxième album de The Wombats, sera disponible à partir du 26 avril 2011.
The Wombats seront en concert le 27 mai au Trianon.
Pour vous motiver, vous pouvez aller jeter un oeil aux photos et au live report de leur concert au Point FMR en octobre dernier.

Inscrivez-vous à notre newsletter

et recevez les derniers articles du blog tous les lundis!

I agree to have my personal information transfered to MailChimp ( more information )

Nous respectons votre vie privée. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

About Agnes Bayou

Agnes Bayou n'est ni plus ni moins que la redactrice en chef du Transistor (www.leTransistor.com), magazine musical en ligne. Au travers de sessions musicales, d’entretiens et de portraits d’artistes, de comptes-rendus de concerts appuyés de photos live, de chroniques d’album et de dossiers sur l’industrie musicale et ses diverses facettes, Le Transistor souhaite replacer la musique dans son contexte social et plus général.

Leave a Reply

*